vendredi 22 juin 2012

Cécile Sauvage : une poétesse reliée à l'intime féminin.


Cécile Sauvage était poétesse.
Elle écrivit toute sa vie, 
une poésie reliée aux émois de son âme
 en contact avec la nature,
une poésie puisée dans la profondeur
 de ses entrailles de mère,
une poésie chantant avec grâce
ses murmures de femme,
 de fille,
d'amante, de mère et d'amie.



 
LA TÊTE

O mon fils, je tiendrai ta tête dans ma main,
Je dirai : j'ai pétri ce petit monde humain,
Sous ce front dont la courbe est une aurore étroite
j'ai logé l'univers rajeuni qui miroite
Et qui lave d'azur les chagrins pluvieux.
Je dirai : j'ai donné cette flamme à ces yeux,
J'ai tiré du sourire ambigu de la lune,
Des reflets de la mer, du velours de la prune
Ces deux astres naïfs ouverts sur l'infini.
Je dirai : j'ai formé cette joue et ce nid
De la bouche où l'oiseau de la voix se démène;
C'est mon oeuvre, ce monde avec sa face humaine.

O mon fils , je tiendrai ta tête dans ma main
et, songeant que le jour monte, brille et s'éteint,
Je verrai sous tes chairs joyeuses et vermeilles
Couvertes d'un pétale à tromper les abeilles,
Je verrai s'enfoncer les orbites en creux,
l'ossature du nez offrir ses trous ombreux,
Les dents rire sur la mâchoire dévastée

Et ta tête de mort, c'est moi qui l'ai sculptée. 

 Extrait de L'âme en bourgeon,
un recueil de poésie de 1908,
qu'elle dédie à son fils Olivier Messiaen.

Artiste : Käthe Kollwitz (1867-1945) 

Recueils de Cécile sauvage:


Tandis que la terre tourne
L'âme en bourgeon
Mélancolie
Le vallon
Primevère