mardi 11 avril 2017

Utérus, près de mon coeur...




Quand on est enceinte beaucoup de choses de la vie nous apparaissent unies dans la globalité. On ressent que chaque petit élément est interconnecté au Tout, dans notre corps, notre être, et tous les êtres entre eux et à  tout l’environnement. Très souvent, d’ailleurs, cette sensation d’appartenance à la Vie déclenche chez nombre de femmes enceintes un flot de créativité puissant, libérateur et transformateur.

En dehors de ce temps si particulier d’une grossesse, nous quittons (un peu – beaucoup – complètement – selon chaque vie, chaque femme, chaque parcours) cette connexion à la vie mammifère qui nous a permis d’habiter si différemment et si pleinement notre corps et ses instincts pour redevenir perméables à la pression de l’inconscient collectif, aux croyances et valeurs de notre monde social, souvent si éloignées des choses simples de la vie naturelle, du corps et de ses rythmes, et, particulièrement, de l’écosystème du ventre féminin.

Et ce lien qui s’est tissé tendrement, charnellement, avec notre utérus, durant 9 mois, se dissout et les évidences intérieures avec. L’utérus qui était monté jusque sous notre cœur – physiquement et affectivement- reprend sa place, en bas, tout au fond, loin du cœur, loin des pensées.

Il redevient séparé de nos projections affectives.
Il redevient isolé de nos autres organes, qui semblent fonctionner très bien sans lui.
Comme s’il était posé là, dans le petit bassin, entre vessie et rectum, presque un peu par hasard, parce qu’il fallait bien lui trouver une place quelque part, parce qu’il n’y a pas réellement de place pour lui dans la vision mécaniste de notre société.

Cela nous demande de parcourir tout un chemin, en marge des injonctions sociales, pour, consciemment, en dehors de toute grossesse, tisser un lien légitime et juste avec notre utérus.

Pour que le lien soit tangible et perdure tout au long de notre vie, il nous faut réinvestir cet organe et le comprendre dans son écosystème - le territoire du ventre féminin- qui va du périnée, incluant les articulations coxo-fémorales, jusqu’au diaphragme.

 Non il n’est pas là par hasard ! Il est lié à tous les organes qui habitent cet espace, à tous les muscles, les nerfs, les fascias, les tendons, la peau et les vertèbres du coccyx aux dorsales. Et bien-sûr, le territoire du ventre féminin est lui-même interconnecté avec tous les autres systèmes de notre être, du plus physique au plus subtil.
Alors, oui, c’est un chemin, qui ne se fait pas en un jour. Mais à chaque fois que nous consacrons du  temps à notre corps, que nous auto-observons nos cycles, que nous sommes attentives et attentionnée à ce que nous faisons entrer dans notre organisme,  que nous passons du temps dans l’intériorité sensorielle et les exercices d’éveil des perceptions, que nous libérons des espaces de la tension qui les oppresse, que nous habitons notre matière, que nous venons nous établir dans notre centre, à chaque fois, nous matérialisons un peu plus le lien à la profondeur utérine. Et peu à peu, nous nous réinscrivons dans l’appartenance farouche et puissante à l’énergie de la Terre, sensuelle, créatrice, libre et sauvage.

Marie Pénélope Pérès
11/04/2017

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